Né le 2 août 1766, dans les Antilles françaises, issu d’une famille métissée. Sa mère était une mulâtresse libre, tandis que son père, fonctionnaire du roi de France, appartenait à l’élite administrative des colonies. DELGRES a grandi entre la Martinique et Tobago, où il a bénéficié d’une éducation soignée, un privilège rare pour les personnes de couleur à cette époque. Son statut de « libre de couleur » lui a permis de recevoir une formation militaire, et il a intégré les rangs de l’armée en 1783.

Louis DELGRES a rapidement démontré ses capacités militaires, s’illustrant notamment lors des combats contre les Anglais aux Antilles durant la Révolution française. En 1795, il participe à la défense de Sainte-Lucie, où il est grièvement blessé. Son engagement pour la liberté et la République se renforce au fil des années, au point de le conduire à une position de commandement au sein des forces militaires locales.

Républicain convaincu et farouchement opposé à l’esclavage, DELGRES se dresse contre la décision de Napoléon Bonaparte de rétablir l’ordre colonial ancien et de réintroduire l’esclavage dans les colonies françaises, après l’insurrection haïtienne. Face à l’avancée des troupes françaises envoyées par Napoléon pour rétablir l’esclavage en Guadeloupe, DELGRES, accompagné de ses hommes, refuse de se soumettre.

Le 28 mai 1802, acculé et entouré, DELGRES prend une décision radicale pour ne pas se rendre à l’ennemi : retranché à MATOUBA, dans la commune de Saint-Claude, avec environ 300 de ses compagnons, il choisit de mourir en se faisant exploser avec leurs barils de poudre. Cet acte de jours après cette tragédie, le 16 juin 1802, l’esclavage est rétabli en Guadeloupe par décret.

Longtemps oublié, le souvenir de Louis DELGRES a progressivement été réhabilité et il est désormais reconnu comme un héros de la lutte pour l’émancipation. En Martinique et en Guadeloupe, de nombreux monuments et bâtiments publics portent son nom en hommage à son sacrifice et à son combat pour la liberté. Louis DELGRES incarne aujourd’hui la résistance contre l’oppression et l’esprit de révolte qui a marqué l’histoire des Caraïbes.

Source : Murielle MANTRAN